Il est difficile de déterminer avec précision le début de l'histoire du tir à l'arc
dans la mesure où les éléments susceptibles d'apporter des preuves
directes étaient réalisés en matériaux périssables (bois, cordes et
plumes). Mais cette page nous permettra de remonter le temps au fil avec articles qui y seront publiés afin de ne pas oublier nos traditions ! (Chères à notre Président d'Honneur, pour ne pas le citer : Jean-Yves BOSCHER).
TITRES et GRADES
Les Compagnies d'Arc étant directement issues des Compagnies de
Francs Archers, il est tout naturel d'y retrouver une hiérarchie d'inspiration
militaire.
ARCHER : Les membres confirmés d'une compagnie
sont des Archers ; Il est à noter que archer s'emploie toujours au masculin,
l'archère désignant un orifice pratiqué dans une fortification et permettant le
tir à l'arc ou l'arbalète.
ASPIRANT : Les archers mineurs ou rejoignant une compagnie d'arc
reçoivent le titre d'Aspirant.
CAPITAINE : Les compagnies d'Arc sont dirigées
par un Capitaine (écharpe bleue) qui cumule cette fonction avec celle de
président.
CHEVALIER : Quelques rares archers peuvent
être admis au titre de Chevalier (écharpe blanche) , s'ils font preuve de
grande probité et de courtoisie après avoir prêté le serment traditionnel. Les
Chevaliers appartiennent à la famille de leur département et à la ronde de leur
région.
CONÉTABLE : Une compagnie peut décerner le
titre de Connétable (écharpe violette) à un mécène, archer ou non, qui se
consacre particulièrement au bon fonctionnement de la compagnie. Ce titre est
honorifique et ne correspond à aucun rang dans la hiérarchie; Cependant le Connétable
passe avant les officiers et sous-officiers.
ROY : Est sacré Roy de l'année (écharpe rouge)
l'archer vainqueur du Tir du Roy. Les jeunes participent à un concours
parallèle dont le vainqueur recevra le titre de Roitelet.
EMPEREUR : Si une même personne décroche le
titre de Roy trois années consécutives ou cinq fois non consécutives dans la même compagnie, elle est alors nommée
Empereur (écharpe verte), et gardera le titre toute sa vie, ainsi que ses
prérogatives, qui sont les mêmes que celle du Roy.
Guerre de Succession de Bretagne
La guerre de Succession de Bretagne ou guerre des deux Jeanne, qui dura de 1341 à 1364, est l'une des guerres secondaires qui ont eu lieu au cours de la guerre de Cent Ans.
Le duché de Bretagne se trouve engagé dans la Guerre de Cent Ans lorsque le duc Jean III
meurt sans héritier en l34l. Deux prétendants s'opposent alors pour lui succéder : le demi-frère
du défunt, Jean de Montfort, et sa nièce, Jeanne de Penthièvre. Le camp des Montfort
obtient le soutien du roi Édouard lll d'Angleterre, alors que celui des Penthièvre obtient celui
du roi Philippe VI de France.
Le duché représente alors une région stratégique dans les premières années de la Guerre de Cent Ans.
Le camp français y voit une occasion de récupérer des ressources en hommes, en navires et en
ravitaillement, là où le camp anglais y voit la possibilité de sécuriser la route maritime vers
ses possessions de Bordeaux et de Gascosgne.
La guene civile qui s'ouvre ravive une vieille opposition politique, culturelle et linguistique, la basse-Bretagne soutenant globalement le camp des Montfort, là où la haute-Bretagne prend parti pour les Penthièvre.
La première phase du conflit dure de 1341 à 1343. Jean de Montfort est fait prisonnier par des
forces françaises dès décembre 1341.La situation militaire s'enlise, aucun des deux camps ne voulant se lancer dans une bataille ouverte qui pourrait être décisive, et la trêve de,Malestroit est signée en 1343 dans la chapelle de la Madeleine de Malestroit par Edouard Ill d'Angeleterre et
Philippe VI de France.
Une seconde phase, de plus faible intensité, s'étend de 1345 à 1364. Jean de Montfort rompt la
trêve en 1345 pour aller en Angletene chercher des renforts auprès du roi Édouard III
d'Angleterre, mais meurt en septembre de la même année lors d'un siège devant Quimper. Sa femme Jeanne de Flandre sombre dans la folie et son fils est encore trop jeune pour lui succéder. Côté blésiste, Charles de Blois est fait prisonnier en 1347 et enfermé pendant neuf ans à la tour de
Londres. Les troupes anglaises commettent un certain nombre d'exactions pendant la
période et rançonnent les villes autour de leurs places fortes de façon à pouvoir entretenir
leurs troupes. Le conflit s'achève finalement lors de la Bataille d'Auray en septembre 1364
lorsque s'affrontent les deux prétendants le jeune Jean IV, fils de Jean de Montfort et Charles
de Blois. Ce dernier est tué et le traité de Guérande de 1365 fixe provisoirement la situation
en instituant Jean IV comme nouveau duce.
La paix est cependant compliquée à construire et Jean IV doit même s'exiler en Angleterre de
1373 à 1379. ll faut attendre la signature d'un second traité de Guérande en 1381 pour que la
neutralité du duché dans la guerre entre Anglais et Français soit reconnue par le roi de France.
En échange de cette reconnaissance, le duc breton prête une allégeance de forme au roi
français, et les dernières troupes anglaises sont évacuées.
La population bretonne commence à baisser avant qu'une épidémie de peste noire ne touche la
région en 1348. Si les chiffres de population ne sont pas connus à cette date, ils sont estimés à
1 ou 1,1 million d'habitants vers la fin des années 1390, puis à 850 000 en 1430. Après une
période de stabilité allant de 1430 à 1460, une reprise démographique a lieu, malgré des
épisodes de peste en 1462-1463 puis en 1473, puis la guerre franco-bretonne à la fin du
siècle.
Baptême du Christ et scènes de récoltes. Heures de Marguerite d'Orléans, peintes à Rennes
vers 1430. Bibliothèque nationale de France.
Dans les campagnes, des domaines de plus de 1 000 hectares sont tenus par une aristocratie et
représentent une minorité des seigneuries. Entre la fin du XV" siècle et le milieu du XVI" siècle,
les grandes seigneuries doivent faire face à la baisse de leurs revenus et à une réduction de la
superficie de leurs terres ; dans le même temps les sieurs, plus dynamiques, construisent des moulins ou rachètent des terres ou des droits seigneuriaux. Le servage disparaît. Le monde urbain reste limité et une soixantaine de villes ne regroupent à la fin de la période. Les villes sont de taille
modeste pour l'époque (14 000 habitants à Nantes, l3 000 à Rennes, 5 000 à Vannes, 4 000 à
Fougères, Guérande et Morlaix) ! Les villes côtières sont davantage toumées vers le
commerce, alors qu'à l'intérieur des terres, elles vivent de leurs foires et marchés. Leurs
équipements, construits sans véritable plan d'urbanisme, sont exposés aux catastrophes
naturelles comme les crues fréquentes de la Loire et de la vilaine, les incendies (Nantes en
connait trois majeurs en 1405, 14l0 et l4l5), ou d'autres types (Nantes est touchée par un
séisme en 1401). De toutes les infrastructures nécessaires aux villes, les remparts pèsent le
plus sur leurs finances (une trentaine sont construits au XV. siècle), à une époque où le
progrès des techniques militaires entraîne régulièrement la construction d'améliorations. Au
cours du siècle et demi de cette période, les municipalités bretonnes rattrapent leur retard sur
les cités françaises et acquièrent un certain nombre de d'avantages politiques, administratifs et
sociaux.
Une économie diversifiée profitant de la neutralité bretonne.
La région reste encore très boisée, principalement en Bretagne centre (Loudéac,
Paimpont) et orientale (Fougères, Rennes, Châteaubriant, Sautron), ce qui permet
aux seigneurs de dégager des revenus et aux paysans d'avoir accès à des ressources
complémentaires, mais un début de surexploitation commence à être sensible dès le milieu
du XV" siècle. La lande connait une période d'extension jusqu'à la fin du XV"siècle avant de
connaitre elle aussi un reflux du fait du développement des activités humaines. La poussée
démographique de la fin du XV siècle s'accompagne dans les campagnes de la remise en
culture des friches, ainsi que de la mise en place de talus et de fossés, faisant ainsi progresser
les zones de bocages sur les zones de champs ouverts.
L'agriculture reste majoritairement composée de céréales pauvres, dont seule une petite partie
est exportée vers l'Angleterre ou l'Espagne via Bordeaux. Le seigle et l'avoine sont cultivés
dans les sols pauvres de l'Argoat, alors que le froment occupe une part importante des sols
plus riches de la zone côtière. À ceci s'ajoute une culture de légumes diversifiée comme du
chou, ou de l'ail. Des élevages de bovins et de porcs se retrouvent partout dans la région. Le morcellement poussé des champs représente alors un handicap, alors que les perfectionnements techniques sont peu nombreux à l'époque. Le progrès le plus notable est alors la
prolifération des moulins à vent près de Guérande ou des moulins à
marée dans le Golfe du Morbihan. En plus de la vigne, dont la culture
se concentre du Golfe du Morbihan à la région nantaise, vient s'ajouter la culture de plantes
textiles comme le chanvre et le lin.
Sur les côtes, la pêche en eau douce continue à être pratiquée (tout comme a pêche à pied) et
est essentiellement destinée à une consommation locale. seules quelques espèces comme le
saumon, l'esturgeon sont exportées. La pêche côtière en bateau connait un essor au XIV" siècle, notamment pour le merlu, alors que la pêche hauturière est encore limitée, une espèce comme la morue n'apparaissant sur les marchés de la région que lors de la première moitié du XV" siècle'".
Plusieurs types d'industries coexistent ; les ardoises de Haute-Bretagne et largile pour tuiles de Penthièvre s'exportent en dehors du duché. Les forges des zones forestières doivent avoir recourt à du fer étranger. La construction navale produit différents types de navires (jusqu'à 1 000 tonneaux)
pour différents clients à l'export (roi de France, Zélande, Écosse). La production d'objets
manufacturés est prospère et les exportations de cuirs bretons sont, avec celles de toiles, celles
qui sont le plus dynamiques, notamment vers l'Espasne.
La neutralité bretonne permet d'assurer des débouchés partout en Europe et sa monnaie indépendante, résistant mieux aux difficultés monétaires. favorise elle aussi les échanges. Les techniques
financières bretonnes restent cependant plus simples que celles pratiquées à la même époque
en Flandre ou à Bordeaux.
Le catholicon est le premier dictionnaire de breton et français, édité en 1499. Favorisée par le contexte politique et économique, la vie culturelle connait une dynamique
particulière à la fin du Moyen-Age. L'ouverture d'une université bretonne est, elle, en
projet dès 1414 et aboutit en 1460 à Nantes. L'imprimerie,arrive dès 1484 en Bretagne,
d'abord à Bréhan, puis Rennes et enfin Nantes. À côté des livres religieux sont
aussi imprimées des productions locales comme les Lunettes des princes en 1493, ou le
Catholicon en 1499, premier dictionnaire trilingue du monde, mais aussi premier dictionnaire
breton et francais.
L'architecture gothique que l'on trouve à l'époque est influencée par des styles de différentes
régions et certaines réalisations sont proches de ce que l'on peut rencontrer en île-de-France,
en Normandie (façade occidentale de la cathédrale de St Pol-de-Léon), ou encore de style angevin (voûte de la cathédrale de Vannes).
Aidé par une démographie et une économie fortes, le duché parvient à affirmer son autonomie
tout au long du XV' siècle. Le pouvoir ducal peut alors s'appuyer sur une petite noblesse qui
lui est fidèle, ainsi que sur un peuple soutenant plutôt la politique d'indépendance, mais
doit faire face à une aristocratie qui ressent mal le renforcement de la maison de Montfort.
Parmi eux, les Rohan, les Rieux, les Laval et les Penthièvre sont les plus puissants. Ils
entretiennent des relations poussées avec l'administration et les armées des Caoétiens puis des
Valois, et contrôlent certains secteurs stratégiques cornme le château de Clisson.
Le duc Jean V, qui règne de 1402 à 1442, mène une politique de neutralité entre royaumes
France et d'Angleterre, permettant ainsi le ravitaillement de troupes anglaises en Normandie
en 1417, tout en laissant par la suite des Bretons comme Arthur de Richemont, Richard
d'Etampes, ou encore Gilles de Rais s'engager à titre individuel du côté français. Il peut
même proposer sa médiation entre les deux puissances, comme en 1415 et 1419. Une
tradition de mécénat se met en place, ce qui permet au duc d'imposer son image, déjà présente
sur les pièces de monnaie, couvert d'une couronne symbole de souveraineté revendiquée. La
frappe de monnaies d'argent, mais aussi d'or, privilège régalien, est pratiquée (Louis XI ne
reconnait ce privilège qu'en 1465). Enfin, grâce à une politique habile à destination de la
papauté, Jean V obtient que les souverains pontifes successifs apportent leurs cautions à
l'émancipation du duché (et autorisent à partir de 1452 que ses successeurs nomment eux-mêmes
cinq des neufs évêques bretons).
Ses successeurs dirigent le duché moins longtemps, mais le régime est assez puissant pour qu'ils
puissent poursuivre une réelle politique d'indépendance.
Le contexte géopolitique change avec l'arrivée au pouvoir du duc François II. La guerre de
Cent Ans est achevée depuis 1453 et la guerre civile qui touche alors l'Angleterre de 1455 à
1485 coupe la Bretagne d'un allié potentiel. Dans ces conditions, le roi français Louis XI
cherche à soumettre le duché ! Sous l'impulsion de son conseiller Pierre Landais, le duc
répond en renforçant son réseau de fortifications, en soutenant les révoltes de féodaux contre
le roi et en établissant des liens avec la Savoie. Milan. l'Écosse.
La guerre avec la France reprend dès janvier 1489, mais le duché peut cette fois compter sur l'aide militaire de ses alliés : des renforts allemands débarquent à Roscoff, des Anglais à
Morlaix et des troupes du comte de salinas reprennent quelques places fortes tenues par les
Français. une nouvelle trêve est ainsi obtenue, signée en juillet de la même année à Francfort, renforcé par le mariage avec La duchesse Anne.
Nouvelle incursion française qui débouche cette fois sur un nouveau mariage (le précédent
n'ayant pas été consommé) entre Anne et Charles VIII, conclu en décembre 1491..,. La
duchesse cède alors à son mari tous droits sur le duché. Celui-ci reconduit les privilèges
dont bénéficient les Bretons en 1492, mais supprime plusieurs administrations . La mort de Charles Vlll met cependant fin à ce processus et Anne recouvre certains de ses droits sur le duché. Son
remariage avec le nouveau roi de France Louis XII intervient en 1499, mais cette fois les
clauses du mariage préservent l'indépendance du duché.
Le royaume de France récupère les droits sur le duché dès 1514 à la suite du mariage de Claude de France, la fille héritière d'Anne de Bretagne, avec le futur roi de France Francois
Ier. Il place peu à peu des hommes de confiance permettant ainsi une
prise de contrôle du duché en douceur.
Le tir
beursault est une manière traditionnelle de pratiquer le tir à l’arc dans un
lieu spécifique nommé « jeu d’arc ». Cette coutume est essentiellement présente
dans les régions Picardie et Ile- de-France mais elle est diversement pratiquée
au-delà de ces frontières régionales, avec ou sans jeu d’arc. Son origine
exacte est difficile à préciser. Comme de nombreux jeux traditionnels, une
parenté indéniable avec les pratiques populaires du Moyen Âge peut être
supposée.
Il s’agissait de la discipline majoritairement pratiquée au sein de la Fédération des Compagnies d’arc de l’Ile-de-France lors de sa création en 1899, organisme qui devint en 1911 la Fédération des Compagnies d’Arc de France avant de prendre le nom, en 1928, de Fédération Française de Tir à l’arc.
Pratiqué sur un terrain spécifique nommé « jeu d’arc », « jardin d’arc » mais aussi « beursault » qui lui donne son nom, le tir beursault est une discipline régie par des règles d’honneur et de courtoisie dont la codification a trait à la bienséance tout autant qu’à la sécurité. Le cérémonial observé dans l’enceinte du jeu s’inspire de symboles proches de la liturgie catholique, une Tradition à laquelle sont initiés les Chevaliers d’arc, garants du bon fonctionnement de la Compagnie d’arc.
Fortement concurrencé par la multiplication des loisirs sportifs, le tir à l’arc traditionnel se trouve parfois marginalisé. Sur 73 000 licenciés auprès de la Fédération Française de Tir à l’arc il compte aujourd’hui plusieurs milliers de pratiquants (20 000 selon certaines sources), difficilement quantifiables. Il connaît actuellement un nouveau souffle lié à la re-création de compagnies traditionnelles qui cohabitent bien souvent avec les clubs sportifs de tir à l’arc.
Légende de l’illustration : 1- Carte postale (Editions Delcamp) représentant le jeu d’arc de la Compagnie d’arc de Sainte-Agathe, Crépy-en-Valois, collection particulière.


I.
IDENTIFICATION DE L'ÉLÉMENT
Nom de l'élément
Indiquez le nom
employé par la communauté ou le groupe concerné pour désigner l'élément et, le
cas échéant, ses variantes :

1.
Type
d'élément selon la classification Unesco
Indiquez le ou les
domaines de l’élément :
·
traditions et expressions orales
·
pratiques sociales
·
jeu
traditionnel
·
pratiques initiatiques
2. Communauté(s), groupe(s) associé(s) à l'élément
Décrivez la ou les
communauté(s) ou le ou les groupe(s) et, le cas échéant, le ou les individus
qui créent, entretiennent et transmettent l'élément du patrimoine culturel
immatériel.
![]() |
1.
Localisation
physique de l’élément
Indiquez le lieu de
pratique de l'élément (municipalité, vallée, pays, communauté de communes,
lieu-dit…).
![]() |

A votre
connaissance, l’élément est-il pratiqué d’une manière similaire en France et/ou
à l’étranger ? Si oui, précisez à quel endroit et/ou dans quel pays ?
![]() |
1.
Description de
l'élément
Décrivez
la pratique actuelle de l'élément. Donnez le plus de précisions possible :
résumez ce que vous savez de l’élément du patrimoine tel qu’il s’observe
aujourd’hui, en répondant aux questions quoi ?, comment ?, qui ?, où ?, quand ?
et depuis quand ? Indiquez également les matériaux, les outils, les machines ou
les objets constitutifs de la pratique. La description doit tendre vers
l'objectivité et être dénuée de jugement de valeur.

Sur chaque
butte se trouve une « carte beursault » (cf annexe 6), cible particulière
n'ayant que peu évolué dans l'histoire. Cette carte, qui possède une
signification symbolique, est uniquement utilisée dans le tir beursault et ne
se trouve dans aucune autre tradition de tir à l'arc.
Lors de sa
première flèche, le premier archer du peloton se positionne sur le pas de tir
depuis la butte maîtresse et face à la butte d'attaque, à une distance de 50
mètres. Après avoir salué les autres archers présents : « Mesdames Messieurs,
je vous salue », il arme et tire une
flèche. Lorsque tous les archers ont tiré (après avoir salué les présents), ils
se rendent par une allée parallèle dite «allée des chevaliers» jusqu'à la butte
d'attaque. Ils récupèrent leurs flèches, se positionnent l'un après l'autre
dans le même ordre à 50 mètres face à la butte maîtresse et tirent la même
flèche. Ils ont alors tiré « une halte » (un aller-retour), c’est-à-dire deux
flèches au total.
Il existe
plusieurs jeux possibles :
Le tir beursault se pratique seul, ou à plusieurs archers, en un nombre
fixé à l'avance de haltes ou de points gagnants. Il existe plusieurs jeux
possibles :
· soit un duel
(individuel ou par équipe) en douze points gagnants appelé « rognette ». Selon cette règle, la flèche la plus
proche du centre de la carte marque le point (les flèches à l’intérieur de la
carte sont appelées « honneurs »).
· soit un tir
en vingt haltes appelé « prix particulier » ou « petit prix » (classement aux
honneurs et aux points)
· soit un tir en trente haltes
appelé « prix général » (classement au meilleur noir : seules les flèches
proches du centre sont retenues : de 0 à 20mm et mesurées au centième de
millimètre).
Chaque jeu
possède ses propres règles, octroyant au gagnant une récompense (bien souvent
alimentaire) ou une somme d'argent. Des tirs spéciaux dits aussi « de tradition
» sont organisés: la Saint-Sébastien (20/01) en l’honneur du patron des
archers, l’abat-l’oiseau qui désigne chaque année le Roi de la compagnie,
l’anniversaire de la compagnie, rencontres entre compagnies appelées « Parties
de jardin », mariage ou décès d’un
membre de la compagnie… Lors de ces tirs, la carte est spécialement décorée,
offerte ou conservée en souvenir. Quel
que soit le jeu pratiqué, un rituel strict est observé avant, pendant et après
le tir, tant pour garantir la
sécurité au sein du « jeu d'arc » que pour faire perdurer les traditions.
Ainsi, avant de décocher sa première flèche, l'archer doit crier « Mesdames et Messieurs, je vous salue » et
les autres archers présents répondent
« salut ». Le
tireur applique dans cette occasion une règle de courtoisie mais également
signale son tir afin que nul ne demeure dans l’axe de la flèche.

I.
APPRENTISSAGE ET TRANSMISSION DE L'ÉLÉMENT
Indiquez
des informations sur son mode de transmission, sa vitalité ou sa fragilité, les
personnes qui le pratiquent, l’entretiennent et le transmettent, son contexte
de réalisation ou de pratique, son évolution, ses adaptations et ses emprunts,
les organisations concernées, etc.

Au cours des
siècles, à la fin de sa vocation strictement militaire, le tir à l'arc est
devenu pour de nombreux archers un art chevaleresque : un combat individuel et
collectif (en compagnie) qui se mène autant contre un adversaire désigné (une
compagnie ou un peloton d’archers) lors d’affrontements récréatifs que contre
soi-même. Le tir impose en effet une discipline personnelle, autant mentale que
physique, recherchant un « équilibre ».
Les archers
désignés comme garants de l'esprit et des traditions de l'archerie sont appelés
« chevaliers de
l'arc ». Traditionnellement, une
compagnie doit être composée d’au moins trois chevaliers. Ce nombre peut
ensuite croître en fonction de la manière dont se transmet la Tradition au sein
de la compagnie. Pour être reçu lors d'une cérémonie initiatique, il faut que
l'aspirant se soit particulièrement
investi au profit du noble jeu de l'arc en général et de sa compagnie en
particulier. Sa demande d’admission est alors proposée par des « parrains » et
les chevaliers constituant la compagnie doivent être majoritairement d’accord
pour accepter l’archer.

Les
chevaliers de l'arc n’ont de cesse de transmettre au mieux ces anciennes
traditions aux jeunes archers, même si la plupart des compagnies d'arc mettent
un point d’honneur à concilier loisir sportif et traditions du noble jeu de l'arc.
Légende de l’illustration : 3- Portrait de Roger
Scart, roi de la Compagnie d’arc de Sainte-Agathe (Crépy-en-Valois) et
fondateur du Musée de l’archerie en 1946. ©Fonds d’archives photographiques du
Musée de l’archerie et du Valois.
II.
HISTORIQUE
1.
Repères historiques

Le terme de «
beursault » est extrêmement difficile à dater étymologiquement. D’aucuns
pensent qu’il s’agirait d’une traduction du mot latin « bersarii » désignant
les officiers de vénerie du temps de l’empereur Charlemagne, sans que cela soit
réellement attesté. Quoiqu’il en soit, l'existence du mot « beursault » (avec
ses variantes anciennes : « bersail », «
bersaud », « bersaux ») remonte de manière certaine au moins au
début du XVIIe siècle1. Entre cette date et le XVIIIe siècle, il
signifiait à la fois « le but », « le
blanc ou le noir du centre de la cible », la
« butte de tir ». Le verbe
« bersailler » ou « bersauder » signifiait
quant à lui « viser ».
Selon des
versions répandues mais non attestées là encore, le terme de beursault
proviendrait également des arbres du jardin d'arc taillés en « berceau » (en
voûte), placés en deux colonnes en guise de garde et allant d'une butte à
l'autre afin de retenir les flèches égarées. D’autres récits, un peu plus
légendaires, citent la forme des douves entourant les châteaux médiévaux dans
lesquelles les archers étaient censés s’entraîner en prévision de combats.
Dès la
naissance des villes, au XIIe siècle, les « bourgeois » (habitants des bourgs)
se sont empressés de créer des « milices» regroupées en compagnies par
quartiers. En accord avec l’échevin (ou le bourgmestre dans le Nord), ces
milices étaient chargées d’assurer la sécurité civile. Les armes de trait étant
les plus efficaces, les bourgeois se mirent rapidement au maniement de l'arc et
le tir beursault devint un entraînement militaire obligatoire pratiqué chaque
dimanche. Pour encourager les bourgeois à s'entraîner, des exemptions fiscales
furent promises par les municipalités.
Il semblerait
que les caractéristiques du tir beursault aient été adoptées pour plusieurs
raisons, d’ordre essentiellement pratique : la distance de tir, qui est de 50
mètres, correspond à une distance pratique de tir au combat à l’arc ; le
diamètre de la cible correspond à peu près à la largeur du bassin d’un homme ;
et la hauteur entre le sol et le centre de la cible était de 80 cm, ce qui
correspondait à la jointure de l’armure, point central et hémorragique au
combat (la hauteur est aujourd’hui bien souvent relevée à un mètre).
Avec la pacification de la France,
l’abandon des armes de traits au profit des armes à feu, la composante
militaire du beursault et des compagnies devint moins importante à la fin du
XVIIe siècle. L'exercice militaire des bourgeois se transforma en un amusement,
le « noble jeu », qui s'exerçait à
l'arc, à l'arbalète ou encore à l'arquebuse2. De fait, les
compagnies sont à partir de l’époque moderne, le reflet d’une sociabilité
plutôt notable. A compter du XIXe siècle, on pourrait évoquer une certaine «
catégorisation » des compagnies, leurs membres se regroupant par centres
d’intérêt, affinités religieuses ou par métiers. Cela explique que bien souvent
une même ville pouvait compter plusieurs compagnies, qui ne frayaient jamais ou
rarement ensemble.
![]() |
Le Triomphe de
la glorieuse Vierge Marie contre les calomnies du Sieure de Mestre Simeon Codur
dressé par Valentin Gerard, 1607
2
Thomas Fressin. Histoire des
compagnies d'arc, dans le journal L'Archer
Français de septembre 2012

-
Depuis le XVIIe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle, la carte
beursault est tenue en butte par cinq « broches » (clous coniques) : 4 dans les
angles de la carte et une en son centre, la « maîtresse broche », cible de la carte. Tous les anciens règlements de tir mettent
en avant ces broches car elles avaient une symbolique mystique forte : les
premières broches représentaient les clous de la passion et la maîtresse broche
la sainte Lance. Cette broche centrale empêchait de réaliser le coup parfait au
centre de la carte, rappelant symboliquement à l’archer que la perfection n’est
pas de ce monde.
-
A partir du milieu du XIXe siècle, une certaine forme de laïcisation de
la pratique et la recherche constante de performance sportive conduit à
abandonner la broche centrale, permettant aux archers d'atteindre un réel «
coup de 0 » (centre parfait) de la carte. Ainsi apparu le « marmot », sorte de petite cible centrale
superposée au-dessus de la carte, qui se substitue depuis à la broche
maîtresse et se relève facilement pour
calculer la distance entre l'impact de la flèche et le centre de la carte, au
centième de millimètre près5.
Au début du XXe
siècle, les cartes beursault, imprimées massivement, se sont standardisées6.
Autrefois, toutes étaient peintes et décorées différemment, par de véritables
artistes, internes ou extérieurs aux compagnies. Toutefois, la standardisation
des cartes n'empêcha pas les archers de poursuivre cette tradition de
décoration des cartes. Suivant l'importance des Prix et Parties de jardin, les
cartes sont toujours décorées et s'assimilent parfois à de vraies œuvres d'art
(cf annexe 6).
2.
Les
récits liés à la pratique et à la tradition
Indiquez de quelle
manière la communauté se représente l'histoire de la pratique ou de l'élément.
![]() |
3
Poème « Arbalétrière royale » du moyen-âge publié dans le Recueil d’arts de seconde rhétorique, 1902.
4
Thomas Fressin. Le Beursault,
dans le journal L'Archer Français du
29 mai 2013
5
Thomas Fressin. Le compas Ognard,
dans le journal L'Archer Français du
18 avril 2012
6
Thomas Fressin. Le Beursault,
dans le journal L'Archer Français du
29 mai 2013

Le Musée de l’archerie et du Valois
conserve un nombre important de registres de compagnies d’arc dans lesquels
sont consignés les événements marquants et quotidiens de la vie d’une compagnie
d’arc.
III. VIABILITÉ
DE L'ÉLÉMENT ET MESURES DE SAUVEGARDE
1.
Viabilité
de l'élément
Indiquez les
menaces éventuelles pesant sur la pratique et la transmission de l'élément.
Le beursault étant depuis plus de trois siècles un « jeu » plutôt qu'un « sport », les chevaliers de l'arc s’efforcent de maintenir l'esprit d'honneur et de courtoisie au sein de leurs compagnies. Cependant, la recherche de résultats sportifs prend de l'importance dans l'esprit d’un bon nombre d'archers, ne serait-ce que parce que les clubs sont plus prosaïquement soumis à leurs performances sportives pour bénéficier de subventions, l'esprit décrit par les anciens chevaliers tend donc à décliner.
Depuis les
échanges internationaux dans le cadre fédéral et sportif, en particulier après
le premier quart du XXe siècle avec la reconnaissance du tir à l'arc comme
discipline olympique, les règlements de l'archerie anglaise finirent finalement
par être adoptés et pratiqués en France. Cette pratique, davantage axée sur les
points à obtenir en cible a véritablement scindé le tir à l’arc traditionnel du
tir sportif. A tel point qu'aujourd'hui, la discipline « historique » de
cette fédération est davantage
considérée comme une discipline à part entière, derrière le tir sur cibles
anglaises, le tir campagne et les tirs 3D et nature. Le tir à l’arc français ne
connut pas cette césure définitive du fait de l’origine de la Fédération : même
si le beursault est parfois placé comme une pratique quelque peu satellite,
clubs et compagnies cohabitent bien souvent dans une même association, le
Capitaine de la compagnie d’arc étant aussi le Président du club (en 1982, une
loi interdit la désignation par titres militaires). Toutefois, afin que la
pratique se perpétue sans être dénaturée, plusieurs mesures ont été prises et
restent à envisager.
De manière
informelle, il est à noter que la discipline du beursault a commencé à
s'adapter depuis de nombreuses années : entraînement des jeunes et adolescents,
acceptation de tous les types d'arc, y
compris les « arcs droits » qui représentent la forme la plus ancienne technologiquement
(parfois faits d’un simple morceau de bois nu, sans stabilisateurs ni viseur).
De même, il appartient à chaque Capitaine/Président d’associer et d’expliquer
les spécificités du tir beursault, son cérémonial et sa raison d’être.
Plus
concrètement, la réalisation du présent inventaire, couplé aux études réalisées
pour soutenir la reconnaissance du bouquet provincial au titre de patrimoine
culturel immatériel national (puis mondial) ont pour effet principal de
sensibiliser les populations locales, à commencer par les archers, au
patrimoine inhérent à leur pratique. Expositions, conférences, rencontres et
enquêtes ethnographiques valorisées sous forme d’archives audio-visuelles sont
l’occasion de diffuser ces savoirs et de se les réapproprier.
2.
Mise en valeur et mesure(s) de
sauvegarde existante(s)
Indiquez
ici les modes et actions de valorisation, les modes de reconnaissance publique
(niveaux local, national, international). Des inventaires ont-ils déjà été
réalisés ? De quel type de documentation disposez-vous ? Disposez-vous d'une
bibliographie ? Quelles sont les mesures de sauvegarde qui ont été prises, le
cas échéant ?


IV. PARTICIPATION DES COMMUNAUTÉS, GROUPES
ET INDIVIDUS
Indiquez
comment et dans quelle mesure les communautés, les groupes, ou, le cas échéant,
les individus qui créent, entretiennent et transmettent l'élément ont participé
à l’élaboration de la fiche et consenti à l'inclusion dans l’inventaire.
Les principaux acteurs étant intervenus dans l'élaboration directe de cette fiche sont l’équipe du Comité de pilotage qui a été mis en place par la FFTA et le musée de l’archerie pour la réalisation de cet inventaire
- le Président de la
Fédération Française de Tir à l'Arc,
Philippe Bouclet
- la Ville de Crépy-en-Valois via l’attachée de
conservation, directrice du Musée de l'Archerie et du Valois, Marion Roux-Durand
-
l'équipe de rédaction du journal en ligne L'Archer Français, et son rédacteur en chef, Thomas Fressin
- Le Président de la Famille
de la Brie et membre du Conseil d’Administration de l’Association des Amis du
musée, Frédérick Pryka
- l'archer qui a impulsé toute
cette démarche, empereur de la Compagnie d’arc de Pontoise, Jean- Pierre Bouffon
-
l'Office du Patrimoine Culturel Immatériel, organisme-conseil. Et son
directeur, Michel Colleu, qui a mené des entretiens ethnologiques accompagné
par des archers
La communauté des archers a
fortement été sollicitée, notamment lors de :
-
Entretiens ethnologiques filmés7(32 heures au total),
-
Entretiens et dons de mémoire lors du « bouquet provincial » de
Compiègne de 2013, et présence lors du « Bouquet provincial » de Paris en 2014
-
Inventaire participatif des pratiques et éléments sociologiques utiles
sur les compagnies d'arc,
-
Conférences et expositions sur le sujet :
·
« Traditions d’archers », Musée de l’archerie et du Valois, 30/03-28/07 2013
· « C’est le bouquet ! Au cœur de la grande fête
de l’archerie traditionnelle » 11/05 - 30/06 2013, Musée de l’archerie et
du Valois-Musée Antoine Vivenel de Compiègne.
![]() |
7 Réalisés par Michel Colleu, de l’OPCI, dans le cadre de cet inventaire,
pour le compte de la FFTA et du Musée de l’archerie (où ont été déposés les 35
heures de films)

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